Couleurs et Douleurs d’Automne

Traversée des Dents de Lanfon: PD-/150m/3b

Réalisé avec Lorraine le 2 novembre 2014.

La traversée des dents de Lanfon est une des grandes classiques de la région d’Annecy. Jamais très dur, cette course mi-rando mi-grimpouille est l’occasion de profiter d’un panorama exceptionnel entre lac et montagnes, particulièrement en cette saison où les couleurs d’Automne donnent encore plus de relief à ce paysage. J’étais très content quand Lorraine m’a demandé de l’emmener sur cette course, mais, j’ai un peu sous-estimé la longueur de la randonnée.

Pour réduire le dénivelé de la marche d’approche, je propose de partir depuis le chalet de l’Aulp. C’est un peu plus long en distance que depuis Villars Dessus, mais au moins nous aurons le soleil dans le dos. Nous arrivons sur place à 9h30, le parking est déjà presque plein ! Une énorme colonne de randonneurs attaque déjà la montée de la Tournette, autre grande randonnée classique de la région. Heureusement, notre itinéraire est nettement moins emprunté pour aujourd’hui. Jusqu’au col des Nantets, tout va bien, mais Lorraine laisse pas mal d’énergie dans la montée au Roc de Lancrenaz. Aie. Nous poursuivons à travers les prés en direction des chalets de l’Aulp Riant, puis coupons les pentes pour rejoindre le col des Frètes. Nous trouvons ici quelques parapentistes courageux qui sont montés à pieds depuis Planfait avec leur voile sur le dos. Nous continuons pour rejoindre le départ de la voie en longeant la ligne de crête. Il est midi quand nous arrivons au départ de la voir, nous sommes un peu en retard sur ma prévision. Avant d’attaquer, nous mangeons notre sandwich sous le regard d’un Chamois effarouché par tous les touristes qui randonnent dans le coin. 12h15, nous nous encordons et c’est parti. Nous remontons le couloir qui mène à la brèche de la pointe Sud en tirant sur les câbles en acier tout neufs. J’avance en tenant fermement la corde dans la main afin de sentir Lorraine au cas où elle glisserait, mais, je réalise qu’elle doit prendre ce geste comme une invitation à accélérer car on monte à toute vitesse. En seulement 15 petites minutes, nous sommes à la brèche, il faut que je ralentisse… Nous poursuivons sur l’arête plus tranquillement et je prends le temps de protéger dès qu’il y a un passage un peu grimpant. La vue sur le lac est magnifique. Nous arrivons sur La deuxième dent vers 13 heures, aucun souci. Plus loin, nous apercevons un groupe de randonneurs au pied de la troisième dent en train de faire bronzette au soleil. J’espère pouvoir passer devant avant le passage du « trou » sous le sommet. En suivant la trace la plus marquée, j’évite sans vraiment le vouloir le petit rappel de la deuxième dent. Nous rejoignons le groupe, toujours en train de flâner, et passons devant. Pendant quelques minutes, ils vont nous suivre, mais un passage un peu tendu au-dessus d’un énorme gouffre, nous permet de conforter notre avance. Il faut dire qu’ils ne sont pas encordés, et j’imagine que les moins téméraires du groupe sont un peu tendus…  Nous nous faisons doubler par un trailer au niveau du dernier dièdre. Je le laisse tranquillement prendre de l’avance pour qu’il ne nous tombe pas sur le nez. Puis, c’est le dernier passage à travers le trou de souris sous le sommet, le moment où l’on regrette d’avoir pris deux fois du dessert. Nous sommes au sommet à 14h30. Le Mont-Blanc brille au loin sous le soleil. Je suis vraiment content d’avoir refait cette voie avec Lorraine. Je l’avais déjà faite 15 ans auparavant avec Antoine, mais je n’avais gardé aucune photo, juste des souvenirs de perdition entre les sapins. A l’époque, mon expérience en terrain montagne était proche de zéro. Il faut croire que j’ai progressé entre-temps. Le retour sera une grosse épreuve morale pour Lorraine : mal aux pieds, mal aux genoux, la descente du pierrier de la voie normale lui laissera un gros bleu sur la cuisse après une chute sur caillou pointu… aie, aie, aie. Nous rejoignons la voiture à 18h00, après 8 heures de marche. Lorraine me dira « Je voulais juste faire une petite balade avec toi ! ». J’ai visiblement mal évalué l’affaire…

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