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Chapi Montagne
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24 juin 2020

Voie mythique pour une première sortie au Verdon

20200623_205421Verdon - Grand Eycharme, l'EstamporanéeED 6c>6b III P3, 200m

Réalsié avec Théo

PHOTOS 

24 juin 2020, Théo et moi venons de terminer l’épreuve de la VEPMSP. Je me sens fatigué, mais Théo est super chaud pour aller grimper une fissure mythique du Verdon : l’Estamporanée. Plusieurs camarades de promo l’ont déjà parcouru et tous s’accordent à dire que ce n’est pas du gâteau. Max me met en garde, il a fini épuisé. Carle me dit : « J’ai fini en PLS après la longueur en 6c… ». Beaucoup de messages peu rassurants. Pourtant sur le papier, la cotation n’est pas monstrueuse : ED 6c>6b III P3, mais il semble que ce soit difficile de protéger. Je suggère à Théo de trouver un autre partenaire pour cette course, parce qu’en plus d’être fatigué, Alex doit revenir jouer le public support le mercredi, mais il refuse. Je suis, dit-il, son assurance tous risques pour les voies en fissure. C’est vrai qu’avec du temps et du matériel, je grimpe à peu près toutes les fissures, mais en artif… Bon, pour moi, ce serait la dernière voie de la liste complémentaire, alors je me laisse tenter par un Théo surmotivé. Il faut dire par ailleurs qu’il enchaîne les 7c de Buoux depuis trois semaines ! Comme tout le monde est là, on en profite pour ramasser des gros friends chez les copains. Nous partons surarmés avec plein de gros Friends : 6/5/4.5/2x4/3x3/2x2/2x1/1x0.75, 1 jeu d’excentriques, et 2 jeux de cablés, des sangles de 120, et plusieurs dégaines rallongées. Je me rajoute quelques petits Aliens (on n’est plus à 250 grammes prêt !). 

Le top !

Nous partons vers la Pallud-sur-Verdon le mardi soir. Cela peut paraître incroyable pour un futur grimpeur professionnel, mais je n’étais jamais allé dans le Verdon, alors pour moi c’est une découverte. Je suis stupéfait par la beauté du paysage. Cela me rappelle le grand canyon (en moins aride). En roulant sur la route des crêtes, j’essaie de ne pas trop me gaver de paysages. Je veux pouvoir revenir avec Lorraine et découvrir avec elle toute la majesté du site. Nous trouvons un parking pas très loin de notre voie pour camper. Nous sommes seuls. Je ressens une sensation d’isolement et de communion avec la nature incroyable. En fin de soirée, trois jeunes se garent sur le parking. Ils viennent vers nous en demandant s’ils peuvent dormir ici, ils avaient repéré un coin pour poser leur hamac. Je leur réponds « Bien sûr, ici, c’est la liberté, faites ce que vous voulez ! ». C’est tout de même sympa de leur part d’avoir demandé. Nous dînons avec le coucher de soleil. Le menu est moins poétique : une grosse plâtrée de spaghetti à la carbonara, demain nous avons une grosse journée.

Debout à 5h30, après un petit-déjeuner rapide, on bouge la voiture pour rejoindre le parking de départ qui est à un petit kilomètre de notre campement. Dernière vérification des sacs, et nous commençons la marche d’approche. Nous trouvons le sentier marqué de points rouges qui permet de descendre à pied (conseillé par max), mais nous préférons descendre en rappel. Nous cherchons un moment avant de trouver le cairn indiquant les rappels, mais pour ce qui est de l’arbre mentionné dans le topo, je dirais plutôt que c’est un buisson…

20200624_075130

Allez on jette le premier rappel. Grosse en ambiance quand je me lance dans ce premier rappel, heureusement, il y a une échappatoire par le bas si nous ne pouvons pas sortir la voie. Théo me rejoint et j’enchaîne avec le deuxième rappel dont les cordes tombent sur les portaledges de quatre demoiselles qui sont en train de faire des Caquous. « Vous commencez tôt » me dit l’une d’elles. « Oui, désolé de vous réveiller, on veut éviter la chaleur ». En fait, j’apprendrais plus tard que ce sont des amies de camarade de promo. Des très fortes compétitrices de salle qui s’initient à la grande voie. Théo me rejoint même s’il serait bien resté pour un café avec les filles. Je continue les rappels en faisant bien attention à suivre les spits de la voie et à ne pas me retrouver pendu en bout de corde dans le vide. Au dernier rappel, une des cordes se coince quand je tente de la remonter pour la passer dans l’anneau. Le nœud en bout de corde a dû se prendre dans un arbuste ou un rocher. Heureusement, nous avons assez de longueur pour faire un huit au relais et atteindre le pied de la voie avec la corde coincée. Théo descend et débloque tout.

Nous sommes prêts à commencer la grimpe à 8h30. Au jeu du chifoumi, Théo a gagné le droit de faire la longueur en 6c ! Bon, il jouait tout seul… Du coup, je comme la première longueur. Les copains ont fait des pronostics sur notre temps d’ascension : 6, 8, 10, 12 heures, la nuit, on a tout eu. La voie fait 200m. Théo très optimiste table sur 5 heures, moi je vise 8 heures.                       

Début du 6c

Première longueur, 6a/b, une traversée à gauche sur grosses prises et une fissure verticale, ça met de suite dans l’ambiance. Heureusement, il y a quelques vieux pitons bien placé. Puis Théo poursuit. C’est déjà la longueur dure, un 6c que l’on peut couper en deux. Il tente de tout faire d’un coup et part avec tous le matos sur lui (un vrai magasin de grimpe !). Le temps passe et je rôtis au soleil. Ce doit être vraiment difficile si Théo met autant de temps. Par moments, je fais une clef de blocage sur la corde d’assurage et je fais des micros siestes. Quand enfin vient le moment de grimper, j’essaie de me sortir cette torpeur. Allez à moi de jouer, je tente de grimper en libre ou j’y vais en artif ? Heu… Artif ça ira bien. Je tire sur tout ce que je peux trouver : friends, pitons, coinceurs, arbres, et des fois le rocher. Bon j’ai l’excuse d’avoir aussi le gros sac sur le dos. Parfois, je n’ai rien pour tirer et je suis obligé de grimper : « La vache, comment Théo a fait pour passer ces sections sans protection ! », j’admire le moral parce que c’est n’est pas facile du tout. Heureusement, dans cette grosse fissure il y a toujours moyen de coincer quelque chose pour avancer : un bras, une jambe, un coude, un genou, et la TÊTE et la tête alouette… Bon au moins, coincé comme cela, on ressent un petit air frais qui parcourt la fissure (elle est à l’ombre). Quand j’arrive au niveau du friend taille 6, je vois de suite qu’il va sauter si je tire dessus. Je tente et cela ne rate pas. Je regarde derrière, heureusement que Théo n’est pas tombé, sinon il aurait fait un beau voyage. Il n’y avait pas d’autres protections sur 5 ou 6 mètres. Ils sont fort les jeunes ! Quand je retrouve Théo au relais (à l’ombre d’un bel arbre), je le félicite pour son mental. « En fait, j’ai fait 90% de la longueur en artif » me dit-il. Il a repris certains friends du bas pour avancer. Je comprends mieux.

La suite est censée être plus facile, une cheminée en 5, puis 6b en fissure tout droit ou 6a/b à droite. Je pars avec l’intention d’aller au plus facile. Je passe la cheminée, sans protection, puis poursuis dans un dièdre où il faut trouver les bonnes lunules pour se protéger correctement. Tout va bien, j’avance, jusqu’à butté sous une fissure légèrement surplombante et évasée. Wouah, dur, dur pour du 6a/b, et j’ai laissé tous les gros friends au relais. Du coup, je fais une manip un peu foireuse avec une de mes cordes pour les récupérer. Puis, quand j’ai tout le matos en main, je réalise que l’option la plus facile est en fait dans mon dos… Allez, je me mouline sur 5m, et je pars au plus facile (30 minutes de perdues).

Le dernier 6b

Théo me rejoint sur la vire que nous traversons sur la gauche jusqu’au bout (20 mètres). Il repart dans une longueur en 6b, une fissure plus fine. Je suis allongé sur la vire très confortablement et je le regarde en baver dur dans cette nouvelle longueur. Cette fois, il se bat pour passer en libre. Le temps passe et je le perds de vue. Je contemple le paysage. Toute la journée nous avons entendu des tirs militaires. Des soldats sont en entraînement dans le fort de l’autre côté du canyon. Je suis perdu dans mes pensées quand j’entends « Relais Fred ». Ah, il est arrivé cool, je crie « Liiibre ». Et Théo me répond « Fred, reprends-moi, je n’ai pas fini ». ????? Je remets la corde dans l’assureur. En fait, c’est une autre cordée en-dessous qui vient de crier relais et je me suis fait avoir. Merde ! Et, je suis convaincu d’avoir entendu mon prénom… Quelques minutes après, Théo est vraiment au relais et c’est à mon tour de grimper. J’essaie de passer en libre. J’avance bien. Puis, je blêmis quand je vois les protections de Théo. Il a cravaté deux rognons d’arbuste pas plus gros que des racines de gingembre. J’en secours un pour voir, j’arrive presque à l’arracher !!!! Autant dire qu’il a fait du solo sur 10 mètres. Sur la fin de la longueur, je me bats encore pour enchaîner, mais le poids du sac et un manque de lucidité mon font lâcher…

A mon tour de grimper, il reste une longueur en 6a/b et une dernière en 4. Théo suggère d’aller au sommet directement. OK. Je pars, mais je suis fatigué. Dès le début, je dois passer une fissure mal commode légèrement surplombante. Je passe en artif, tire sur l’arbre au-dessus, puis découvre la suite : grosse fissure bien raide… Autant prévenir Théo tout de suite : « Ça va être long ! ». Max me dira plus tard qu’il était aussi rincé dans cette longueur. Bon, je finis par passer. Et nous atteignions le sommet à 16h30. 8 heures dans la voie, je ne m’étais pas trompé.

De retour à la voiture, nous buvons de l’eau à nous en faire exploser le ventre. Les relais étaient globalement à l’ombre ainsi que les dernières longueurs, mais il fait tout de même chaud. Quelle première découverte du Verdon ! Je ferai plus facile la prochaine fois. Et puis, je suis soulagé, ma liste complémentaire du D.E. est terminée. Cet été j’aurai l’esprit libre pour aller faire de la montagne avec les copains.  

Au grand désespoir de Théo, sur le parebrise de la voiture, il n’y a pas de petit papier avec un numéro de mobile. Les grimpeuses n’aiment pas être réveillées en pleine voie...

Enfin, un TRES TRES GRAND MERCI a Théo qui a été un super partenaire pour liquider cette liste complémentaire de voies pour le D.E. Escalade. Mais ce n'est pas fini. On a encore plein de belles courses à faire en montagne.   

Sommet!!!

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Commentaires
F
Salut fred. <br /> <br /> Quelle aventure ! Bravo à toi et Théo !<br /> <br /> J’aime bien de prénom, on dit ce mot au moins 50 fois par jour. Car pour nous Théo est un théodolite ! Appareil de Geometre. <br /> <br /> Le verdon est a découvrir ! J’y vais cet été. Si tu as des tuyaux pour rando et escalade pour famille. <br /> <br /> Tu as de sacrés compagnons dans ce groupe de fort grimpeurs, c’est cool, c’est bien pour te faire progresser. <br /> <br /> Continue. <br /> <br /> A +
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