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Chapi Montagne
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29 juillet 2017

C’est du 6c ou du 5c?

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Le Pouce : Voie des Dalles, TD-/5c/400m

Réalisé avec Philippe le 29 juillet 2017

PHOTOs

Comme la veille, je me réveille avant la sonnerie du réveil, il est 5h20. Malgré plusieurs moments d’éveil, j’ai plutôt bien dormi. Je me sors du duvet et Philippe en fait de même. Le jour se lève à peine, quand nous buvons notre thé agrémenté de quelques gâteaux.

6h10, nous commençons à marcher en direction l’aiguille de la Glière. Rapidement Philippe me distance, rien d’étonnant. En une heure, nous sommes au col et basculons versant ouest vers l’aiguille du Pouce. J’en profite pour laisse mon sac, car nous repassons au col au retour. La descente est presque totalement sèche.

En moins d’une heure trente nous sommes au pied de la face sud. Une cordée est déjà engagée dans la voie des dalles par la variante des guides. Nous, nous souhaitons passer par l’itinéraire original qui débute par une longueur en 5c. Nous tentons de deviner où est la ligne de départ. Philippe se lance dans une très vague fissure qui s’oriente vers une dalle. Au bout de 5 m, sans aucune protection, Philippe se retrouve à faire une pas de grimpe qui ressemble plus à un 6b qu’à un 5c. Je lui dis d’arrêter tout de suite. Ce n’est sûrement pas le bon endroit et la pose de protection au-dessus semble très aléatoire. Il redescend et nous cherchons de nouveau où commencer. Je ne comprends pas. Il y a 20 ans quand j’avais tenté cette voie, j’étais passé par ici sans trop de difficultés. Mais la paroi est vraiment raide et presque improtégeable. Au bout de 10 minutes, je propose de passer par la variante des guides. Je n’ai pas envie de me tuer ici (après réflexion, je pense que le névé a tellement fondu que le « vrai » départ était beaucoup plus haut, mais inatteignable).

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Nous rattrapons rapidement la cordée déjà engagée. Le leader est arrêté juste avant la traversée en 5c et semble perdu. C’est exactement l’endroit où j’avais renoncé, il y a vingt ans. Au lieu de traverser, j’étais parti dans une ligne de spits super dure droit au-dessus ce qui avait fini d’achever ma motivation après une série de galères à gérer avec les copains de l’époque. Philippe le rattrape le double et fait la traversée (un peu engagée). L’autre cordée enchaîne. J’espérais pouvoir les doubler, mais ils ne semblent pas se laisser faire.

Je reprends la tête après avoir attendu que le leader de l’autre cordée soit assez loin. Le 5c est bien coriace, je préfère les 6c du Piola moderne ! La ligne passe dans une fine fissure dans une dalle très compacte et franchit un petit surplomb. Je me concentre pour ne pas tomber… Par chance, un deuxième relais d’une voie moderne est juste à côté de celui de la voie des dalles. Je m'y installe et appelle Philippe. Mais il n’a pas pu partir avant le deuxième de l’autre cordée. On doit encore attendre…      

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Finalement, on se résout à rester derrière eux pour le moment, c’est trop compliqué de doubler sur ce terrain. Philippe enchaîne dans une autre longueur en 5c toujours aussi coriace. Même en second, je ne suis pas tranquille.

Je reprends la tête pour une longue traversée facile sur la droite, mais où la pose de protection est très aléatoire. Heureusement, un spit salvateur au bout de la fissure permet de se rassurer avant de grimper droit au-dessus. Nous sommes encore sur les talons de l’autre cordée.

Philippe poursuit par une autre traversée sur la gauche, encore facile, mais toujours compliquée à protéger puis par dans une grande dalle vers le haut. La grimpe est beaucoup plus cool. On respire et on commence à papoter tranquillement avec le second de la cordée devant nous… En bas, d’autres cordées arrivent au pied de la face.

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Je reprends la suite. Je passe un petit surplomb en posant un genou, ce qui me vaut quelques moqueries de mon compagnon de cordée (salle jeune !).  Puis j’enchaîne une deuxième longueur directement. Quand Philippe me rejoint, il met un coup de boost, passe à côté de l’itinéraire dans du terrain facile et nous enchaînons corde tendue jusqu’au sommet où nous arrivons vers midi. Nous avons largement distancé l’autre cordée qui débouche à peine au sommet quand nous avons fini de nous changer pour entamer la voie de retour. Philippe me fait remarquer au loin les énormes nuages qui déversent une douche continue sur les sommets. Il ne fait pas bon de rester traîner ici.

Décordés, nous fonçons sur l’arête Est du Pouce en direction du col de la Floria. Quelques pas de descalade demandent un peu de réflexion, mais globalement c’est facile. 1h30 plus tard nous sommes en train de plier la tente pendant que les premières gouttes de pluie font leur apparition. J’espère que les cordées dans la face sud du pouce ne sont pas sous l’orage, car sinon, c’est la grosse galère…

Voilà, une petite frustration personnelle vient d’être effacée. 20 ans après, j’ai pu finir cette magnifique voie sauvage et coriace (elle aussi dans les 100 plus belles de Rébuffat). Les anciens avaient beaucoup de courage de s’engager dans des faces aussi austères avec leur matériel de l’époque. Cette voie a été ouverte en 1967, les friends n’existaient pas à l’époque… 

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