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Chapi Montagne
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3 juillet 2017

Deux de plus

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Arête nord du Weissmies: AD+/4b/500m

Arête sud du Lagginhorn: AD-/3c/500m

Réalisé avec Philippe les 2 et 3 juillet 2017

PHOTOs Weissmies

PHOTOs Lagginhorn

Me considérant plutôt en bonne forme physique, j’avais envisagé de me lancer dans une grande course d’alpinisme, d’autant plus que Philippe était disponible en ce début juillet. Mais encore une fois, la météo est venue contrarier nos plans. Une perturbation a déposé un cumul de neige non négligeable sur les sommets et le risque d’avalanche n’est pas négligeable. Je propose donc d’aller en suisse faire des sommets de 4000 dans un niveau de difficulté raisonnable afin d’avoir assez de marge technique pour surmonter d’éventuelles difficultés imprévues. Le plan est donc simple : arête nord du Weissmies le dimanche, et arête sud du Lagginhorn pour le lundi.

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Après avoir rejoint le refuge d’Hohsaas, nous partons vers le col du Lagginhorn, 400 mètres de dénivelé au-dessus du refuge que nous atteignons en une petite heure de marche. Le massif est globalement pris dans les nuages. Nous apercevons notre objectif du jour seulement par intermittence. Philippe commence à grimper en tête en mode corde tendue, mais au bout de 20 mètres la corde va se coincer entre le rocher une stalactite de glace. Il me faut au moins 5 bonnes minutes pour la décoincer. Du coup, je suggère à Philippe de raccourcir notre encordement « on va faire de la marche en corde courte » comme disent les suisses. Philippe carbure à fond. Il pose peu de protections malgré des passages un peu tendus sur des dalles enneigées. Je me sens même obligé de lui rappeler de mettre un Friend de temps en temps. « C’est facile, mais faut pas tomber » comme dirait Fab. Je reprends la tête quand il est à court de matériel. On avance bien. J’arrive devant une première difficulté, un passage en IV qui d’ordinaire ne m’aurait posé aucun problème, mais là une dalle enneigée de 30 mètres au bord du vide, je me sens moins serein. De toute façon, on est là, il faut avancer. Au moins, il y a un pieu métallique planté dans le rocher quelques mètres au-dessus. Je me lance. Rapidement, je réalise que mes nouvelles chaussures sont un peu grandes. Le contact avec le rocher est moins bon. Au bord de la dalle, j’ai tout le loisir d’imaginer où je pourrai tomber si un pied glissait… J’essaie d’oublier cette éventualité et gratte la neige pour trouver des prises de pied. Quelques trous et bosselettes se dévoilent. Aller, faut mettre les pieds dessus… Je finis par attraper le pieu métallique. Ouf ! Une bonne sangle et le stress diminue. Le reste de la dalle est tout de suite plus cool. Je trouve deux spits et une fissure pour mettre des protections. Exposé au vent, Philippe a visiblement gelé au relai et ce n’est pas la grimpe à main nue dans la neige qui arrange ses affaires. Je lui laisse la suite. Après deux heures de grimpe, nous nous demandons bien où nous en sommes, mais avec le brouillard, il n’est pas facile de se repérer. Je sors le téléphone et avec le GPS nous sommes étonnées de voir que nous n’avons même pas fait la moitié de l’arête. Flute, pourtant nous avançons bien…

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Philippe est toujours en tête quand une nouvelle dalle humide se présente. Une fissure fend cette dalle au milieu, mais nous n’avons qu’un seul friend de la bonne taille… Il grimpe alors progressivement et ajuste la position de son unique friend dès qu’il trouve une position stable. Cela nous rappelle l’arête des Grands Montets, à un détail près : ici il n’y a pas plusieurs centaines de mètres de vide sous les pieds. Puisque Philipe est très économe en pose de protections, c’est encore lui qui est en tête pour passer la dernière difficulté : un raide ressaut d’un mètre de large qu’il faut chevaucher. Heureusement, il y trouve quelques pitons et un spit. La suite est plus tranquille, ce qui nous donne l’occasion d’accélérer. Vers 3800m, l’arête devient neigeuse. Nous remontons nos crampons et je me laisse tracter par Philippe jusqu’au sommet. A de rares instants, les nuages se dégagent et nous pouvons voir quelque chose, sinon c’est le brouillard complet. Nous avons mis 6h30 pour parcourir cette voie, au lieu de 4 à 5 heures comme mentionné sur le topo. La descente ne pose aucun problème. Il suffit de suivre « la tranchée » de la voie normale. Heureusement, car le glacier est très crevassé et exposé aux séracs. Refaire une trace dans le brouillard aurait été pénible.

Le refuge d’Hohsaas est un vrai hôtel. Dans un excès de goût de luxe, je prends une douche avant le repas. Ici pas de diner à la bonne franquette, nous sommes servi à table comme au restaurant. Il y a peu de monde, comparé à la capacité de la salle.

Nous avions prévu un réveil à 6h00, mais les quelques alpinistes qui se sont réveillés à 5h pour faire la voie normale de Weissmies font un gros raffut dans les couloirs. Nous sommes donc nous aussi réveillés… Du coup on se lève plus tôt que prévu.

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Nous partons vers 6h30 en direction du col du Lagginhorn ; le même col que la veille, mais cette fois nous partons direction sud sur l’arête. Je prends la tête pour ce début de course. Nous avançons vite. La grimpe est facile, agréable, et la recherche d’itinéraire réduite à zéro tant le rocher est marqué par les crampons des alpinistes. Philippe prend même le temps de filmer à la Gopro. La vue est magnifique sur le massif, presque pas de nuages, mais le vent a vite fait de nous refroidir quand nous passons dans l’ombre de l’arête en face Ouest. Nous essayons au maximum de grimper côté Est pour profiter du soleil et éviter les reliquats de neige de l’autre côté. Arrivé à l’antécime, je propose à Philippe de passer devant, car vu le niveau de difficulté, je ne risque pas manquer de friends (je n’en mets quasi aucun). La suite nous surprend un peu. Nous étions tous les deux en mode « tiens faudrait emmener des débutants sur cette voie », quand nous devons passer une série de petits gendarmes à escalader puis redescendre. Plusieurs petites manips de cordes s’avèrent nécessaires… Philippe carbure. L’arête est bien plus longue que nous l’avions pensé. Nous arrivons au sommet à 11h tout juste avant quatre autres cordées guidées montées par la voie normale. Nous n’avons mis que 3h30 du col au sommet, cette fois c’est bien moins que le temps annoncé sur le topo. La descente par la voie normale est vraiment très facile, nous nous désencordons pour aller plus vite. Nous rejoignons la gare intermédiaire du télécabine en 2h30. Voilà, deux sommets de 4000m en plus dans la poche. J’ouvre mon compteur. Je suis à 18 pour le moment.  

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