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Chapi Montagne
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12 juin 2017

4800m et 4800c

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Mont-Blanc par la voie normale.

Réalisé le 10 juin 2017 avec Steph

PHOTOs

Pour notre sortie annuelle, après l’étude de nombreuses options différentes, je propose à Steph de faire la voie normale du Mont-Blanc. J'avais toujours évité cet itinéraire dont la réputation accidentogène me rebutait. Mais la traversée depuis les cosmiques n’est pas en conditions, et en plus, j’ai l’occasion de voir Sergio qui monte aussi au refuge de tête Rousse avec des clients pour faire également un Mont-Blanc. Steph accepte avec enthousiasme, car pour lui c’est sa première tentative sur ce sommet très convoité.

Après avoir récupéré Steph à l’aéroport de Genève, nous partons pour Bionnassay et montons en 4x4 jusqu’au téléphérique des Houches-Bellevue (le tramway du Mont-Blanc est encore fermé). Pendant que nous préparons nos affaires, un autre 4x4 vient de garer à coté de nous. Deux types descendent ; un de leurs pneus est crevé. C’est notre première animation de la journée. Je les aide un peu tout en engloutissant mon sandwich.

Nous commençons à marcher à midi en suivant le tracé du tramway. Ce n’est pas le sentier le plus agréable mais c’est de loin le plus direct pour rejoindre le Nid d’Aigle. Nous croissons de nombreux alpinistes qui visiblement redescendent du Mont-Blanc (à en juger par leur démarche laborieuse). Au-dessus du terminus du tramway, les bouquetins nous accueillent, peu impressionnées de croiser encore deux hurluberlus avec des sacs sur le dos. A 15h, nous sommes au refuge. Nous avons bien avancé sans trop souffrir de la chaleur grâce aux quelques nuages qui masquaient le soleil. Après l’enregistrement, nous allons faire une petite sieste pour récupérer un peu avant le lever prévu pour 1h30.

De retour dans le réfectoire, je retrouve Sergio qui est en train de faire l’animation dans la cuisine du refuge. Il est visiblement chez lui ici. Je suis content de le retrouver. Depuis notre expédition au Yosemite, nous n’avions pas eu l’occasion de nous revoir. Nous discutons un bon moment pour échanger des nouvelles. Sergio part à 4h avec ses clients, il dormira au refuge du Goûter après le sommet pour couper la pénible redescente jusqu’en vallée.  C’est un concept intéressant pour monter des clients peu affutés : trois jours pour un Mont-Blanc ! Mis Dommage pour moi, je n’aurai pas l’occasion de partager un bout de chemin avec lui.

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2h30, nous sommes prêts à partir. Le petit-dej a été assez basique. De toute façon, c’est toujours un peu difficile de déjeuner en plein milieu de la nuit. Nous sommes trois cordées à partir en même temps. Je me presse de prendre la tête, car je préfère être devant lors de l’ascension de l’éperon rocheux sous le refuge du Goûter (ça évite de recevoir des pierres sur la tête). Nous avons la chance d’avoir une splendide pleine lune. Nous pourrions presque nous passer de nos frontales. Rapidement nous arrivons à la traversée du grand couloir, dont la réputation est l’une des pires du massif. Après un bref rappel des consignes de sécurité en cas de chute de pierre, j’engage la traversée à pas cadencés pour réduire le temps d’exposition aux aléas alpinistiques. Nous nous retrouvons sur l’éperon, toujours en tête. 600 mètres plus haut, le refuge du Goûter est déjà éclairé. Les alpinistes qui ont réussi à avoir une place dans ce refuge, constamment plein, partent déjà à grimper le Mont-Blanc.

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A 4h30, nous avons atteignons l’ancien refuge du Goûter, et profitons d’une petite pause pour boire du thé et manger quelques barres de céréales. Steph va bien. Nous avons bien avancé dans cette première partie un peu technique. Il reste maintenant une longue marche sur neige jusqu’au sommet.

Nous repartons. Je me mets en mode « petits pas pour l’altitude ». Nous avons tout notre temps pour atteindre le sommet. Il faut juste avancer sans s’arrêter. Steph suit. La trace de montée est immanquable. Vers 6h20, nous atteignons le Dôme du Goûter à 4300 mètres, juste après l’aube. Masqués par la pointe Bayeux, nous n’avons pas pu profiter du lever du soleil sur les Grandes Jorasses et l’aiguille verte. Dommage, car c’est toujours un moment magique. Nous faisons une nouvelle petite pause tout en contemplant l’arête des bosses qui mène au sommet. Quelques cordées sont déjà engagées (celles qui sont partis du refuge du Goûter). Elles avancent bien lentement. C’est ce qui nous attend aussi.

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Nous reprenons notre progression. C’est seulement à l’approche du refuge Vallot que nous retrouvons d’autres alpinistes. Cela peut paraitre étonnant, mais jusqu’ici, nous avons avancé seuls, profitant « égoïstement » de ce magnifique Mont-Blanc. Une des cordées parties avec nous depuis le refuge de tête Rousse, nous rattrape. Je les laisse passer. Il n’y a plus de risques de recevoir quelque chose sur la tête à cause d’une maladresse.

La trace sur l’arête des bosses est un boulevard. Steph avance comme s’il était acclimaté à l’altitude depuis des jours. Il s’est clairement mieux préparé que l’année dernière où il avait souffert lors de la traversée de Pollux, un modeste sommet de 4092m. Comme d’habitude, les pentes terminales du Mont-Blanc n’en finissent pas. On a toujours l’impression d’être arrivé, mais non…

9h00, nous croissons la cordée qui nous a doublée juste avant d’atteindre le sommet. On se félicite au passage en secouant nos piolets en l’air (oui, c’est un peu stupide, mais c’est la coutume…). Pour la première fois, je suis au sommet du Mont-Blanc seul avec mon camarade du jour. Quand je pense qu’il y a parfois jusqu’à 100 personnes au sommet au même moment, je me dis que nous avons vraiment beaucoup de chance. Le ciel est dégagé, nous sommes en pleine forme, que demander de plus ? Bon, il y a tout de même beaucoup de vent, ce qui explique pourquoi les alpinistes ne s’attardent pas au sommet.

A notre tour, nous commençons à redescendre pour laisser la place libre à une autre cordée qui approche. 100 mètres plus bas, nous profitons d’être protégés du vent pour faire une petite pause pour boire et manger. Plus bas, le gros des cordées du jour commencent à déboucher du Dôme du Goûter. Quelle chance d’avoir profité seul de cette ascension !

Nous croissons Sergio juste sous le refuge Vallot. Nous échangeons quelques mots amicaux. Pas le temps de papoter, il doit monter ses clients au sommet. Le retour vers le refuge du Goûter nous donne l’occasion de croiser tout un tas de prétendants au sommet tous aussi surprenants les uns que les autres : des solitaires qui joue avec le feu (la trace est bonne, mais y a des crevasses !), des cordées qui avancent comme si elles étaient 8000 mètres (y sont pas rendus…), et des guides avec leurs clients qui savent déjà surement que le sommet ne sera pas atteint aujourd’hui pour eux…

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Pour la descente de l’éperon sous le refuge du Goûter, je propose d’enlever les crampons pour aller plus vite. Nous utilisons au maximum les câbles en place pour nous assurer, peu comme une via-ferrata. Steph se débrouille comme un chef. Je le laisse trouver le chemin de descente en lui donnant quelques conseils de progression de temps en temps. Je le vois bien concentré et actif. Ça fait plaisir. Nous mettons près de deux heures pour rejoindre le refuge de tête Rousse (presqu’autant qu’à la montée !).

A tête Rousse, nous nous refaisons une santé avec un coca frais, du saucisson et du fromage. Au moment de repartir, nous croissons une fille en larmes dans le local matériel. Sans lunettes adaptées, elle s’est brulée la cornée et ne voit presque plus. Chacun y va de ses petits conseils pour la rassurer « Bois de l’eau et va te reposer, ce n’est pas grave… » dit une femme. Quoi ??? Qu’est-ce que c’est que ces âneries ? Pour moi, il n’y aurait pas d’hésitations. Il y a des gars qui appellent les secours pour moins que ça ! Je suggère à son compagnon d’appeler l’hélico puis je sors rejoindre Steph qui est prêt à partir.   

La descente est comme d’habitude après une longue course : fatigante… Nous sommes heureux de retrouver la voiture. A 17h30, j’appelle Lorraine pour la prévenir que deux morts de faim vont arriver. Elle a déjà tout préparé : vins, bières, plateau de fromage, olives, charcuterie et gâteaux de la pâtisserie Rigolo (MOF de France) !

Le lendemain, pour être sûr de bien compenser toutes l’énergie perdue à 4800 mètres, nous allons bruncher en famille à l’Impérial Palace d’Annecy pour engloutir 4800 calories. C’est vraiment, le week-end typique avec Steph: montagne, grosse bouffe et bonne rigolade !

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Commentaires
F
ah content de lire ca<br /> <br /> j'aime qd tu mets des photos de ville avec des personnes en habits de ville !!<br /> <br /> bravo à toi et steph
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Chapi Montagne
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