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Chapi Montagne
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9 avril 2017

Toucher un rève du doigt.

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Grand Capucin: voie des suisses, ED-/6b/A0/300m

Réalisé avec Fab le 9 avril 2017

PHOTOS

Enfin j'ai le plaisir de mettre le pied sur ce magnifique sommet, le grand capucin, qui m'a fait envie pendant de très nombreuses années. Depuis quelques temps, je savais que j’étais prêt pour une tentative, mais je ne voulais pas me lancer dans cette ascension avec désinvolture (comme un petit jeune que je connais bien et qui l’a fait avant moi ! ;-). J'ai trop de respect envers cette majestueuse paroi qui a marqué un tournant dans l'alpinisme moderne grâce au génial Bonatti. En plus, il faut avoir la bonne météo, le bon partenaire et le temps. Aussi quand fab m'appelle le mercredi pour improviser quelque chose pour le week-end, la discussion glisse rapidement vers une tentative par la voie des Suisses.

Nous choisissons d’aller dormir au refuge des cosmiques pour pouvoir attaquer assez tôt la voie le lendemain matin et stimuler un peu le corps à l’altitude. Le ciel est totalement dégagé, ce qui nous permet de prendre quelques belles photos de coucher de soleil sur la terrasse du refuge. Nous dinons avec un guide que fab connais et son groupe de clients. Nous terminons la soirée par une petite partie de tarot. Bref une soirée bien agréable.

Le lendemain au réveil (5h), je ne suis pas en grande forme. Je me sens barbouillé et avec un léger mal de crane depuis la veille. Il y a longtemps que je n’avais pas subit les effets de l’altitude. Nous prenons notre temps pour nous préparer afin d’arriver au lever de jour sur la paroi.

6h, nous sommes sur les skis en direction du grand cap. Le jour se lève doucement. Nous devinons au loin plein par la lueur de leur frontale des groupes d’alpinistes qui se dispersent dans le massif. La météo est tellement favorable que tout le monde sort. Nous arrivons au pied de la paroi vers 7h, nous laissons les skis, puis remontons le couloir de neige qui borde le côté gauche du grand cap. Il y a déjà une bonne trace et la rimaye passe sans aucune difficulté. Le couloir passe si bien que nous zappons la première longueur de la voie (une longueur en 3 dans du mauvais rocher), puis nous passons en mode grimpe au niveau d’un des relais de O Solemio. Je prends la tête. Je traverse pour rejoindre le deuxième relai de la voie de Suisse. Au-dessus, la première fissure en 5. Il y a un moment que je n’ai pas sorti les friends. Je m’applique mais je ne suis pas tranquille. Heureusement, les fissures sont franches et j’avance sereinement. Puis vient la première difficulté ; une fissure en 6a dans une dalle. Mais la surprise est quelle a été largement dépitonnée et nous n’avons pas pris les cablés. Je grimpe comme je peux. A mi-parcours, je suis obligé de lâcher. Mes friends prennent la place de prise de mains, c’est agaçant. La fin de la fissure est pire. Après plusieurs tentatives, je suis obligé de passer en artif, mais avec la trouille ; j’ai encore du mal à refaire confiance en mes pose de friends « Tu as fait 1000 mètres de grimpe sur des friends au Yosemite, allez, avance ! » me dit Fab qui gèle au relai. Je suis bien content que je trouve le relai.

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Fab aussi trouve que ce n’est pas facile. Il faut dire que c’est sa première sortie de l’année et qu’il a mal à l’épaule droite… Je poursuis dans une longueur en Dulfer qui vide mes batteries. Quand fab me rejoint, je lui propose de prendre la tête, dans les sections plus faciles, afin de reprendre de l’énergie pour la suite. C’est du 4, il avance rapidement. Motivé, il continue et enchaine en une fois deux longueurs : une en 4, l’autre en 5 en économisant terriblement les points. Ça me fait froid dans le dos quand je grimpe pour le rejoindre, surtout le magnifique petit dièdre/rampe en 5 où certains pas son délicats. Nous sommes alors à une longueur du passage du toit en 6b/A0. Je propose à Fab de faire cette longueur, lui il l’a déjà faite avec Max il y a quelques années. Je lui laisse donc la longueur suivante, un 5c coriace. Quand je reprends la tête pour passer le toit en 6b/A0, le moral est revenue. Je me lance tout de suite en mode artif, et cette fois il y a pas mal de pitons en place. Je complète par 3 friends histoire de tenir sur quelque chose au cas où les pitons partent. Je n’ai aucune idée du temps que j’ai mis, mais comme toujours en artif le temps passe sans que l’on s’en rende compte. Aussi, quand j’entends fab demander « Il est encore loin le relai ?», je me dis que j’ai mangé pas mal de minutes… Heureusement, encore un pas et j’y suis. Fab me rejoint, mais même en second cette section est difficile à grimper car deséquiper en traversée est pénible. Fab reprend la suite. La longueur de 6b/A0 n’est pas vraiment finie, car au-dessus de nous il y a encore 10 mètres d’un mur très raide. Fab grimpe directement en artif en suivant une fissure qui se termine sous un petit bombé. Il tente de passer en libre mais doit se résoudre à chuter. Ouf, le piton a tenu… Il pendule un peu sur la gauche pour rejoindre une autre fissure et atteint le relai.

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Cool. Le plus dur est fait, il reste qu’une longueur en 4 et dernière en 3. Fab me propose de continuer à grimper, ce qui sous-entend qu’il me laisse le plaisir de faire le sommet. Merci Fab ! Quand j’atteins le sommet du grand cap, je me dis que j’ai vraiment de la chance. Grimper avec Fab comme ça m’a rappelé notre aventure au Yosemite. C’est une émotion différente, mais là, j’ai à nouveau le sentiment d’avoir dépassé mes limites (surtout mentale). Fab me rejoint et je le remercie pour cette belle aventure.

Il est 14h45 quand nous engageons les relais. Le dernier train du Montenvers est à 17h. Il y a peu de chance que nous arrivions a temps. La descente se passe bien ; juste un petit semblant de corde coincée qui nous a fait peur. Nous mettons les skis, et engageons la descente de la vallée blanche. Je ne vais pas très vite, une de mes chaussures ne veut pas rester en mode ski et j’ai peur de me prendre une grosse boite à cause du gros sac. C’est d’ailleurs ce qui va se passer au-dessus de la salle à manger ; un joli salto avant après avoir planté les skis. Fab n’est pas mieux loti que moi. Ces chaussures se décomposent dans tous les sens, mais cela ne semble pas le gêner malgré ses skis super light et le gros sac. Toutefois nous arrivons à profiter d’une neige agréable à skier. La fin de la vallée blanche est presque sèche, nous arrivons tout juste à atteindre les échelles du Montenvers sans déchausser. C’est inhabituel à cette période de l’année.

Il est 18h15 quand nous atteignons la gare. Nous retrouvons trois randonneurs qui sont dépités d’avoir raté le dernier train et l’hôtel est fermé pour travaux. Moi, j’avais prévu le coup, aussi j’avais dit à Fab de prendre des baskets pour la descente sur Cham. Après une petite pause thé saucisson, nous descendons sur Cham et profitons de remettre les skis à chaque occasion; quitte à perdre du temps. On est aussi là pour skier ! A 20h45, nous sommes à Cham, bien contents de cette petite vadrouille.

 

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Commentaires
J
Magnifique! Félicitations.
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F
bravo les gars ! <br /> <br /> tout compte fait, c'est bien les petites vadrouille, pas que les grandes !!
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Chapi Montagne
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